Si les tensions relationnelles au travail telles que les malentendus, les non-dits, les évitements, ne sont pas traitées, elles s’accumulent et finissent par affecter la santé mentale et physique des salariés. Continuer à travailler devient alors trop coûteux pour le salarié, si bien que le médecin traitant doit lui délivrer un arrêt de travail.
Pendant cet arrêt, le contact est le plus souvent coupé entre le salarié et son employeur ou manager. Cette prise de distance est salutaire pour permettre au salarié de se soigner. Mais l’isolement que constitue l’arrêt le prive aussi de tout échange avec son employeur autour de ses missions et conditions de travail. Les conséquences de cet isolement peut être importantes, et conduire à l’inaptitude du salarié.
Dans cet article je propose d’examiner comment envisager une communication entre salarié et employeur, pendant cette période d’arrêt de travail, en veillant à préserver les intérêts du salarié comme ceux de l’entreprise.
Ne pas communiquer pendant un arrêt de travail : les risques
Certains employeurs pensent qu’il leur est interdit de communiquer au cours d’un arrêt de travail. D’autres craignent que des échanges dérapent et affectent davantage la santé du salarié. Ils préfèrent ainsi ne pas communiquer avec le salarié arrêté : ils ne s’enquièrent de sa santé ni ne l’informent des nouveautés dans l’organisation du travail.
L’isolement et l’absence de communication affectent le salarié en le laissant muré dans ses craintes, projections et interprétations d’une situation de travail, qui a évolué depuis le début de son arrêt. Plus l’arrêt de travail se prolonge, et plus le fossé de communication se creuse : la perspective du retour dans l’entreprise devient douloureuse.
L’inaptitude au poste pour risques psychosociaux devient alors la seule issue pour le médecin du travail qui reçoit le salarié. C’est une triste solution, tant pour le salarié que pour l’entreprise, alors qu’il suffirait, pour l’éviter, de permettre aux salariés et aux employeurs de communiquer pendant un arrêt de travail.
Le rendez-vous de liaison
Les échanges entre l’employeur et le salarié en arrêt de travail ne sont pas interdits par la loi. Ils sont au contraire encouragés dès lors que certaines précautions sont prises. La loi n° 2021-1018 du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail a créé le rendez-vous de liaison que peut proposer l’employeur au salarié en arrêt de travail depuis au moins 30 jours en présence du service de prévention et de santé au travail (Article L1226-1-3 Code du travail). Son objectif est précisément de maintenir un lien avec le salarié pendant son arrêt de travail et de l’informer des actions de prévention de la désinsertion professionnelle dont il bénéficie. Le salarié peut aussi être à l’initiative de ce rendez-vous. Il est donc bien possible de communiquer pendant un arrêt de travail.
D’autres initiatives efficaces pour rétablir la communication
Dans les situations plus délicates de conflits et tensions relationnelles entre le salarié et son employeur, il est aussi possible de recourir à la médiation. Certains services de prévention et de santé au travail ont fait ce choix et orientent les personnes vers un tiers médiateur neutre et impartial. L’objectif est d’offrir un cadre sécurisé afin que les échanges soient constructifs pour l’un comme pour l’autre. Les services du Loir et Cher (APST 41) et de la région nantaise (le SSTRN) ont noué un partenariat avec des médiateurs et mettent leurs locaux à disposition pour que salarié et employeur puissent se rencontrer dans un lieu neutre lors de réunions de médiation.
Espérons que ces heureuses initiatives, qui répondent à un réel besoin des entreprises comme des salariés, trouvent rapidement des répliques dans d’autres régions.
Pour plus d’informations :
Vidéo de présentation par le service de santé et de prévention du Loir-et-Cher :
Conflits au travail et prévention de la désinsertion professionnelle avec la médiation APST 41
Vidéo de présentation par le service de santé et de prévention de la région nantaise :
La médiation au travail : un pont vers la résolution des conflits | SSTRN