Avec la médiation, humaniser un conflit de copropriété

humaniser un conflit de copropriété

Un conflit en copropriété n’est pas toujours qu’une simple question de règlement. C’est souvent l’histoire d’une communication rompue ou, comme ici, d’une communication qui ne s’est pas établie. L’exemple d’Évelyne montre comment la rencontre et le dialogue, avec l’aide d’un médiateur, peuvent transformer une situation bloquée en une solution acceptable pour tous, et conduire à humaniser un conflit de copropriété.

Un dialogue de sourds par courriers interposés

Dans un immeuble à Rennes, un conflit éclate entre le syndicat des copropriétaires et Évelyne. Arrivée dans la copropriété il y a 4 ans, elle vit une période de grands changements personnels suite à son divorce. Pour faire face à de nouvelles contraintes financières, elle décide d’aménager son duplex afin de pouvoir en louer la partie supérieure. Pour ce faire, elle fait installer une porte sur le palier du 5ème étage, une partie commune, sans avoir demandé l’autorisation de l’assemblée générale.

Nouvelle dans l’immeuble et absorbée par ses difficultés personnelles, Évelyne n’avait en réalité jamais eu l’occasion de rencontrer personnellement ni le syndic, ni le président du conseil syndical. Ses tentatives pour joindre le syndic par téléphone afin d’exposer son projet étaient restées sans réponse.

Alerté par le président du conseil syndical, le syndic réagit de manière procédurale : il envoie à Évelyne une lettre recommandée avec accusé de réception. Ce courrier, qui est leur tout premier ‘échange’, est une mise en demeure de remettre le palier en état, sous peine de poursuites judiciaires.

Pour Évelyne, qui a déjà engagé des frais importants, le choc est rude. Se sentant à la fois ignorée et agressée, elle refuse. L’affaire est portée en justice, et le juge des référés, sentant une possibilité de dialogue, enjoint les parties à rencontrer un médiateur.

Humaniser un conflit de copropriété

C’est donc à l’occasion de cette médiation qu’Évelyne, le président du conseil syndical et le représentant du syndic se rencontrent pour la première fois. La réunion, à laquelle assistent aussi leurs avocats, est d’abord tendue.

Évelyne exprime son sentiment d’incompréhension et d’injustice : « J’ai appelé plusieurs fois, personne ne m’a jamais rappelée ! ». Elle explique sa situation personnelle, le besoin de ce revenu locatif, et le fait que cette porte ne gêne personne, le palier ne desservant que son lot et celui d’un voisin quasi-absent. Elle ajoute, amère : « Mon voisin a fait la même chose il y a quelque temps, et on ne lui a jamais rien dit ! ».

Le syndic et le président du conseil syndical, de leur côté, sont sur la défensive. Ils rappellent la règle : les parties communes appartiennent à tous et aucune modification ne peut être faite sans vote en AG. Ils se montrent confiants quant à l’issue d’un procès. Le président du conseil syndical insiste : « Une copropriété a des règles, on ne peut pas faire ce qu’on veut ! ».

Le médiateur écoute et reformule les propos d’Évelyne, mettant en lumière l’essentiel : « Si je comprends bien, au-delà de l’aspect technique, vous avez souffert du silence du syndic et vous ressentez un sentiment de « deux poids, deux mesures » par rapport à votre voisin. »

Cette reformulation permet de déplacer le débat du pur terrain juridique vers le ressenti. Le syndic peut alors expliquer la situation du voisin : une régularisation pour ses travaux anciens était déjà en cours de discussion.

Vers une solution apaisée

Le simple fait de mettre des visages sur des noms et d’entendre les motivations de chacun change la dynamique. Un dialogue plus calme s’instaure.

  • Du côté du syndicat, la prise de conscience est double. Ils comprennent que la situation personnelle d’Évelyne et l’absence de réponse à ses appels ont joué un rôle majeur. Ils réalisent que la mise en demeure, envoyée sans aucun contact humain préalable, a été perçue comme une agression et a immédiatement envenimé la situation. Ils admettent que la différence de traitement apparente avec le voisin a pu légitimement paraître injuste, et que les travaux, en pratique, ne créent pas de nuisance.
  • Du côté d’Évelyne, le fait que son sentiment d’injustice soit enfin entendu et reconnu la soulage. Elle peut alors accepter le fait que sa démarche était, sur la forme, irrégulière. Apaisée, elle se montre prête à trouver une solution et propose même de participer aux frais engagés par le syndicat, malgré sa situation financière.

L’accord devient alors une évidence : les travaux d’Évelyne seront présentés pour régularisation lors de la prochaine assemblée générale. Le conflit est résolu, la procédure judiciaire abandonnée.

Mettre l’humain au cœur de la résolution

Ce cas illustre bien le fait qu’avant de lancer une procédure, un simple échange peut désamorcer bien des conflits. Un grand mérite de la médiation, au-delà de la solution trouvée, a été de permettre cette rencontre. Elle a transformé des ‘adversaires’ qui ne se connaissaient pas en interlocuteurs capables de comprendre leurs contraintes mutuelles et de trouver par eux-mêmes des solutions qui leur conviennent.

En cas de blocage, l’intervention d’un tiers neutre comme un médiateur permet de rétablir le dialogue. Cette démarche, rapide et peu coûteuse, permet d’humaniser un conflit de copropriété, favorise une résolution sereine où chacun est acteur de la solution et où la communication garantit le maintien de la qualité des échanges à venir au sein de la copropriété.

Lire :
Traiter efficacement un conflit de copropriété
Service public : les acteurs de la copropriété