La crise d adolescence est une période délicate pour de nombreux parents. Face aux multiples changements physiques, émotionnels et comportementaux qu’ils vivent, les jeunes se trouvent confrontés à une crise d’évolution et d’identité, qui peut affecter l’équilibre familial. Il est donc essentiel de trouver les bonnes stratégies pour maintenir le lien familial.
Découvrez dans cet article des conseils et stratégies pour accompagner au mieux cette crise d’adolescence, en maintenant une relation de qualité, durable, avec vos adolescents.
Malaise dans la famille face à la crise d adolescence
Pablo, 15 ans, se renferme de plus en plus, ne parle plus à ses parents, les évite et explose à la moindre remarque. Il s’enferme dans sa chambre et reste sur ses écrans. Ses résultats scolaires se sont dégradés. La vie familiale est altérée par son comportement. Les parents ne s’accordent pas sur la façon de s’y prendre avec lui. Son père est d’avis de l’envoyer en internat. Sa mère redoute de le perdre de vue et préférerait l’aide d’un tiers pour le garder à la maison. Cela engendre des tensions familiales, comme si toute la famille perdait sa cohésion et que les liens familiaux se désagrégeaient peu à peu. Voir la suite.
Anna, 17 ans, décide un jour qu’elle ne veut plus aller au lycée, ses parents et sa sœur cadette, avec qui elle vit dans une maison confortable d’une ville moyenne de Bourgogne, s’interrogent sur ce nouveau comportement. Sa sœur est triste car Anna ne veut rien lui dire, elle se contente d’affirmer qu’elle en a marre du lycée et veut faire autre chose. Sa mère est inquiète du changement survenu chez sa fille et voudrait qu’elle consulte un psychologue. Le père pense qu’il ne faut pas s’en faire, et qu’il suffit d’attendre le retour des prochaines vacances. Voir la suite.
Nathan, 14 ans, ne veut plus voir son père depuis 6 mois. Il vit seul avec sa mère. Ses parents sont séparés depuis qu’il a 4 ans, il a vu son père plus ou moins un week-end sur deux et quelques semaines pendant les vacances scolaires. Sa mère a l’impression qu’elle ne peut rien y faire, mais est soucieuse de cet état de fait. Son père insiste pour trouver une solution. Les parents refusent de se rencontrer. Voir la suite.
Ces trois exemples donnent une idée de la diversité des situations qui impliquent les adolescents et leurs familles, au moment de ce qu’il est convenu d’appeler une ‘crise d’ado’. Le jeune est aux prises avec d’importantes modifications physiques et psychiques qui le fragilisent, tout en le rendant, alternativement, explosif ou renfermé sur lui-même. Il y a de plus, dans le développement du jeune, un besoin d’explorer sa liberté, de tester ses limites, ce qui conduit à un décalage entre sa prise de risque et sa capacité à se protéger. Ce déséquilibre inquiète les proches.
Les frictions au sein de la famille sont amplifiées par le comportement de l’adolescent en plein changement. Il est hypersensible aux fragilités de ses parents, et peut réagir d’une façon imprévisible, voire violente, avec parfois des conséquences importantes sur le couple parental.
A l’extérieur du cercle familial, il peut aussi y avoir des difficultés avec les élèves ou le personnel de l’établissement scolaire, comme le harcèlement scolaire subi ou agi, ou le refus de participer à la vie scolaire, souvent à l’origine de crises familiales.
Qu’est ce que l’adolescence ?
L’adolescence est une longue période de l’évolution de tout un chacun, marquée par trois évolutions mêlées :
- une croissance et une maturation sur le plan physique, associée à la puberté, c’est à dire aux changements hormonaux et au développement des organes sexuels
- une phase de recherche de son identité d’adulte et du développement de sa personnalité. Cette phase s’accompagne d’émotions intenses et parfois difficiles à gérer pour l’adolescent(e)
- des changements sociaux : les adolescent(e)s échangent de plus en plus avec leurs amis, notamment pour partager les questions qui les préoccupent, et faire l’expérience de l’autonomie et de la liberté.
L’adolescent(e) vit donc une période compliquée et déstabilisante, tout en restant sous le contrôle et la dépendance de ses parents (Article 371-1 du Code civil). Cela peut le ou la conduire à remettre en question leur autorité.
Les parents sont désemparés. Ils passent de l’amour à la haine pour leur ado. Ils ne le reconnaissent plus et cela les inquiète.
Dans certains cas, le conflit se cristallise sur un seul des parents, avec le risque d’une perte de contact avec ce dernier. Ce risque est accru dans le cas d’un couple parental séparé ou en cours de séparation.
Opportunités et risques de l’adolescence
La période de l’adolescence est une période décisive du développement personnel, qui détermine largement l’adulte à venir. Et cette phase se déroule sous l’autorité des parents.
Cette période s’accompagne de risques pour la santé et la sécurité, et notamment :
- Consommation de tabac, d’alcool ou de drogues, usage addictif des jeux vidéo, susceptibles d’affecter la santé ou le sommeil, de conduire à des comportements à risque, d’impacter la scolarité et la socialisation
- Violence physique, verbale ou harcèlement, pouvant conduire à l’anxiété, au stress ou à la dépression
- Relations sexuelles non protégées, avec des risques d’infections sexuellement transmissibles ou de grossesses non désirées.
Plus généralement, les risques encourus sont ceux d’une rupture de lien, et avec comme conséquence son isolement.
Ces situations peuvent menacer l’intégrité du groupe familial. Veiller à préserver les liens de l’adolescent avec ses proches devient nécessaire, en mobilisant, autant que possible les très proches comme toutes les personnes qui comptent pour lui.
Une ressource à méditer : la Lettre d’un adolescent, écrite par la psychologue américaine Gretchen Schmelzer.
Communiquer avec un adolescent
La communication sur les changements qu’ils traversent est souvent difficile. Il en est de même de la recherche des solutions pour vivre ces changements en toute sécurité.
Pour rappel, la communication consiste pour deux personnes à se parler certes, mais aussi à s’entendre mutuellement. Une parole non entendue ou mal entendue, n’a pas d’autre effet que de produire frustration et incompréhension. Il est aussi important de réunir les conditions favorables de lieu, de moment pour qu’une entente mutuelle soit possible.
Mieux comprendre et se faire aider
Vous envisagez de demander l’aide d’un tiers, pour comprendre ce qui se passe et trouver un soutien pour traverser ce moment difficile. Voici quelques pistes qui pourraient vous aider.
La maison des adolescents est un lieu dédié à l’expression des souffrances des adolescents, elle fournit des réponses rapides et adaptées à leur intention, ainsi qu’à celle de leur entourage familial, et des partenaires locaux des secteurs de la santé, de l’action sociale, de l’éducation et de la justice, concernés par l’adolescence. Elle assure une fonction d’accueil, d’écoute, de soutien, et si nécessaire d’orientation des adolescents. L’approche est pluridisciplinaire, c’est à dire que tous les intervenants y travaillent et réfléchissent ensemble.
Le coaching parental aide les parents à adopter “les meilleurs comportements pour offrir la meilleure des éducations à leurs enfants”. Le coach conseille les parents sur les bonnes attitudes à observer. L’adolescent n’est pas nécessairement présent. Le coaching parental dure quelques séances à définir avec le professionnel en fonction des besoins et de l’ampleur de la crise.
La psychothérapie est un traitement psychologique individuel pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique. Elle permet à l’adolescent ou au parent en souffrance d’être écouté puis d’élaborer une stratégie personnelle pour faire face aux difficultés relationnelles. Elle ne résoudra pas forcément la question de la réparation des liens entre membres du groupe ou de la famille. La psychothérapie peut durer de quelques séances à plusieurs années. Elle varie en fonction du client (ou patient), de sa personnalité, ses difficultés, de ses objectifs, du thérapeute et de la méthode. Les séances sont hebdomadaires mais plus ou moins fréquentes suivant les cas.
La thérapie familiale systémique aide les parents et les enfants en s’interrogeant sur le fonctionnement de la famille dans son ensemble. L’adolescent n’est pas pris en compte de façon spécifique, car chaque personne est considérée comme élément contribuant au fonctionnement de la famille.
Là aussi, la thérapie familiale systémique a une durée à définir avec le thérapeute.
La médiation familiale parent/ado a pour objectif la remise en lien des parents et des adolescents et l’enrichissement des relations familiales. Elle se déroule par des entretiens individuels et des rencontres entre les différents acteurs concernés. Le médiateur fixe le cadre des rencontres, il est l’allié de tous mais ne propose aucune solution.
Exemples de situations en médiation familiale
Pablo 15 ans
La mère demande une médiation, car elle a l’impression de perdre son fils qui vit dans son univers et lui semble-t-il, avec de moins en moins d’attaches avec l’école et la famille. Les entretiens individuels, avec les parents séparément, puis avec Pablo mettent en évidence un malentendu. Pour les parents, ses résultats scolaires sont catastrophiques et il leur donne l’impression de fuir ses obligations scolaires, et de n’en faire qu’à sa tête.
Du point de vue de Pablo, le lycée ne l’intéresse pas, mais il travaille pour faire plaisir à ses parents, et obtient des résultats convenables. Par ailleurs, il les informe toujours, à leur demande, de ce qu’il fait et de l’endroit où il se trouve. La rencontre de médiation a permis de confronter les points de vue et de lever le malentendu. Les parents ont découvert avec surprise le point de vue de leur fils, qui n’avait jamais été verbalisé. Ils en ont été rassurés et la confiance est revenue…
Anna 17 ans
Les parents se mettent d’accord pour demander une médiation. Premier entretien avec les deux parents. Ceux-ci évoquent le changement brutal du comportement de leur fille, qui refuse de retourner au lycée, en donnant comme raison qu’elle veut arrêter ses études et faire autre chose. Ce changement brutal alerte Madame. Les deux parents réagissent très différemment à cette situation, et seule la mère est extrêmement inquiète. Elle sent que quelque chose lui échappe.
L’entretien individuel de la jeune fille est difficile, elle répète qu’elle souhaite arrêter ses études, sans en donner les raisons. C’est finalement en séance plénière, avec ses parents qu’elle finit par dévoiler qu’elle est harcelée sur des réseaux sociaux, avec des images dégradantes, et que c’est la raison pour laquelle elle ne veut plus retourner dans son environnement scolaire. La médiation s’est terminée, les parents ont pris les affaires en main…
Nathan 14 ans
Le père demande la médiation. La mère est d’accord pour un entretien, mais refuse de rencontrer le père. A l’issue de l’entretien avec la mère, il apparaît qu’elle est soucieuse de la situation. Elle préférerait que son fils garde le lien avec son père. L’entretien du père met en évidence sa grande tristesse et sa colère. Il redoute de perdre son fils de vue. Pour lui, l’autorité parentale qu’il partage avec la mère est remise en cause, et il ne comprend pas pourquoi son fils ne veut plus le voir.
Au fil du temps, l’entretien avec le fils met en évidence une dispute à l’origine de sa décision de ne plus voir son père. Après plusieurs rencontres de médiation entre le fils et le père, les liens se sont reconstruits suivant deux axes : l’axe père-fils et l’axe adulte-jeune adulte en devenir.
Effets et atouts de la médiation parent-ado
La médiation parent ado offre aux parents, mais aussi à la fratrie, et aux autres proches, la possibilité d’être écoutés, rassurés, de mieux comprendre ce qui se joue, de changer de regard sur le conflit. Elle aide les parents à comprendre les enjeux, à s’interroger sur le fonctionnement de la famille dans son ensemble et à élaborer, suivant leur sensibilité et leurs valeurs, les changements nécessaires.
La médiation parent-ado se déroule sur cinq ou six rencontres en général. Dès les premiers entretiens individuels, les personnes ressentent déjà un soulagement et un début d’apaisement, car la qualité de l’accueil, l’écoute et le soutien du médiateur leur permet de faire le point de ce qu’ils ressentent et de ce qu’ils redoutent.
Les rencontres sont supervisées par le médiateur qui en règle le tempo et permet à chacun de s’exprimer et, à l’aide d’outils précis, de favoriser l’écoute de chacun par les autres. Tout peut être dit, les émotions et les valeurs de chacun sont évoquées, nommées et elles sont entendues.
Les proches dans un sens plus large, frères et sœurs, beaux-parents, demi-frères et demi-sœurs, et grands-parents peuvent aussi être affectés par la dégradation des liens avec ce jeune et bénéficier directement ou indirectement de la médiation.
