Couple en péril, tenter la médiation

Couple en péril, tenter la médiation

Quand le signal ‘couple en péril » s’allume dans notre tête, que faire ? Commencer à se résigner à une séparation ? Certainement pas : il existe de nombreuses solutions pour faciliter une prise de conscience, et retrouver un mode de relation plus satisfaisant. Cela demande toutefois du travail et surtout du dialogue. Et c’est plus facile à envisager avec un tiers neutre et impartial.

L’histoire de Christelle et Julien

Christelle et Julien partagent leur vie depuis quatorze ans. Ils sont les heureux parents de deux filles, Emma, neuf ans, et Jade, sept ans. Mais, au fil des années, ils ont vu leur quotidien s’enliser dans la routine. La flamme de leur amour s’est peu à peu affaiblie. Les reproches fusent désormais sans cesse entre eux, y compris devant leurs filles. Ils forment désormais un couple en péril, une évidence que Christelle ne peut plus ignorer.

La pente dangereuse qu’ils dévalent peut les mener à la séparation. Pourtant, au fond d’elle, l’amour pour Julien reste vivant. Il est l’homme de sa vie, généreux et plein d’humour. Et puis, plus que tout, elle veut épargner à ses filles chéries la douleur d’une rupture. En cherchant du soutien autour d’elle, elle recueille autant d’avis contradictoires que d’interlocuteurs.

Des entretiens préalables

Sa quête la mène finalement sur le site de Climas médiation. Elle prend contact avec la médiatrice familiale. Lors d’un premier entretien d’évaluation, l’écoute bienveillante qu’elle reçoit la rassure profondément. Christelle retient une chose essentielle. Couple en péril, mais le sauvetage est possible, et il demandera du temps et du courage. En particulier, le courage d’exprimer, clairement et sans agressivité, ce qui empoisonne leur relation. Leurs carrières professionnelles respectives, de plus en plus prenantes, ne facilitent rien, et elle constate amèrement que le poids des responsabilités familiales s’alourdit d’année en année sur ses seules épaules. Forte de cette prise de conscience, elle décide d’inciter Julien à rencontrer, lui aussi, la médiatrice pour faire le point sur leur situation de couple.

Deux semaines après l’entretien individuel de Julien avec la médiatrice, ils franchissent ensemble la porte de l’espace de médiation. Chacun expose sa vision des choses, puis la médiatrice résume leurs propos. « Votre couple traverse une épreuve, une crise, et vous êtes tous les deux décidés à explorer ici, ensemble, ce qui fait obstacle, même si c’est complexe, pour ensuite choisir une voie vers une relation plus épanouissante. Est-ce bien cela ? »

Au cœur de la médiation

La conversation s’engage. Christelle prend la parole la première, affirmant d’emblée son amour profond pour son mari et ses filles, avant d’exprimer le sentiment d’injustice qui la ronge, face au déséquilibre des tâches familiales. Elle raconte comment elle quitte son bureau au plus vite chaque soir pour retrouver Emma et Jade, leur consacrant l’intégralité de son temps libre. Pendant ce temps, Julien, lui, s’attarde de plus en plus souvent au travail et s’absente régulièrement en soirée pour des ‘after’ entre collègues ou le week-end pour des activités sportives ou amicales.

Un silence s’installe. Julien, visiblement surpris par la franchise et l’émotion de Christelle, baisse la tête un instant. La médiatrice intervient avec douceur : « Julien, qu’est-ce que cela suscite en vous, d’entendre Christelle exprimer cela ? » Julien relève les yeux, un peu décontenancé. « Je… je ne voyais pas les choses comme ça. C’est vrai que je travaille beaucoup, mais c’est aussi pour nous, pour la famille, pour qu’on ne manque de rien. Et mes activités… j’en ai besoin pour décompresser. La pression au bureau est énorme. J’ai l’impression que si je ne m’aère pas l’esprit, je vais exploser. » Il marque une pause, puis ajoute, presque pour lui-même : « Je ne pensais pas que tu te sentais abandonnée à ce point. »

Christelle sent les larmes lui monter aux yeux, mais parvient à les contenir. « Je comprends que tu aies besoin de décompresser, Julien. Mais moi aussi, vois-tu, j’ai besoin de souffler. J’ai l’impression d’être la seule responsable de la maison et des enfants. Ce n’est pas seulement une question de faire les choses, c’est aussi la charge mentale, penser à tout, tout le temps. Quand tu rentres tard ou que tu sors, ce temps-là, c’est moi qui le gère seule avec les filles, après ma propre journée de travail. »

La médiatrice reformule : « Donc, si je comprends bien, Christelle, vous exprimez un besoin de partage plus équitable des responsabilités et du temps familial, et un sentiment de solitude face à cette charge. Et vous, Julien, vous exprimez la pression professionnelle et le besoin de moments pour vous, sans avoir pleinement mesuré l’impact sur Christelle. Chacun de vous a des besoins qui semblent légitimes, mais qui entrent actuellement en conflit. »

Couple en péril, une prise de conscience partagée

Julien hoche la tête. « Oui, c’est vrai. Quand Christelle le dit comme ça… je comprends mieux. Mais je ne sais pas comment faire autrement. Mon travail est de plus en plus exigeant. » « Peut-être pourrions-nous explorer ensemble le ‘comment faire autrement’ ? » suggère la médiatrice. « Christelle, qu’est-ce qui, concrètement, pourrait vous aider à vous sentir moins seule et plus soutenue ? Et Julien, y a-t-il des marges de manœuvre que vous pourriez envisager, même petites, concernant votre travail ou vos activités ? »

Christelle réfléchit. « Déjà, qu’il soit plus présent certains soirs. Pas forcément tous, mais qu’on puisse avoir de vrais moments en famille, où il ne soit pas juste physiquement là, mais aussi mentalement disponible. Et pour les week-ends, peut-être qu’une activité sur deux pourrait être une activité familiale, ou qu’on en discute ensemble avant qu’il ne s’engage. »

Julien écoute attentivement. L’ambiance, bien que tendue, n’est plus aux reproches mais à une recherche timide de solutions. « Je peux essayer de rentrer plus tôt au moins un ou deux soirs par semaine, » commence-t-il. « Et pour les week-ends… oui, on peut en parler. C’est vrai que parfois, je planifie des choses sans vraiment te consulter, en pensant que ça ne te dérangerait pas. » La médiatrice familiale sourit légèrement. « Ce sont déjà des pistes intéressantes. Il semble qu’une communication sur vos emplois du temps respectifs et vos attentes pourrait être un premier pas. Qu’en pensez-vous ? »

Le début d’un nouveau chemin

Christelle et Julien se regardent. Un léger espoir est en train de naître. Pour la première fois depuis longtemps, ils ne se sentent plus dans une impasse, mais dans un dialogue constructif. Christelle propose alors de travailler sur la manière dont ils pourraient organiser concrètement une semaine type, en tenant compte des besoins de chacun et des contraintes existantes, tout en se fixant des objectifs réalistes pour les semaines à venir. L’idée n’est pas de tout révolutionner d’un coup, mais d’initier un changement progressif, une nouvelle danse à deux où chacun trouve son rythme en tenant compte de celui de l’autre.

Lire :
Couple en crise : est-il possible de le sauver ?
L’article de Passeport Santé sur cette question