Une observation de nombreux conflits permet d’observer deux éléments clés, souvent associés dans la dynamique de ces conflits : l’effet boomerang et l’effet d’escalade. Au travers de cet article, vous allez comprendre ce que représentent ces deux effets et comment ils interviennent à la racine du conflit, dans son émergence et son développement. Pour apaiser le conflit et retrouver la paix, il est donc crucial d’être informé de leur rôle, et de le déjouer.
L’effet boomerang, qu’est ce que c’est ?
Imaginez qu’un interlocuteur, sans que vous l’ayez sollicité, se mette à commenter ce que vous êtes, ce que vous pensez ou ce que vous devriez faire. Il se peut bien que vous vous sentiez agressé, et finissez, plus ou moins rapidement, par lui répondre ce que vous pensez de lui, ou bien que vous savez ce qu’il cherche à obtenir de vous, ou enfin ce qu’il devrait faire.
Cette agression peut, entre autres, se produire chaque fois que votre interlocuteur :
- Exprime un point de vue sur ce que vous êtes. Vous le recevez comme une critique ou un jugement général sur votre personne. De quel droit se permet-il de me critiquer ?…
- Interprète une intention derrière ce que vous faites. Il prétend savoir ce que vous pensez, connaitre vos intentions. Comment peut-il prétendre évaluer mes intentions, pour qui se prend-il ?…
- Vous propose son conseil. Vous vous sentez mal à l’aise, non seulement parce que ce conseil peut être inadapté à vos besoins, mais aussi parce qu’il s’attribue le pouvoir de vous aider. De quoi se mêle t il, je ne lui ai rien demandé…
Cette attitude vous semble prétentieuse et irrespectueuse. Pour indiquer à cet interlocuteur que vous jugez son propos inacceptable, vous lui répondez par une critique, une interprétation de ses propres intentions ou un conseil, c’est à dire par une réaction symétrique à la sienne. Il va probablement ressentir le même inconfort. C’est l’effet boomerang.
L’effet d’escalade, qu’est-ce que c’est ?
L’escalade se produit lorsque, agacé par le sentiment d’être ainsi critiqué, évalué ou vu comme incapable, et désireux de bien faire sentir à quel point vous en êtes blessé, vous renforcez votre réaction en retour, en étant plus virulent encore. Ou bien lorsque votre interlocuteur pense avoir été mal compris et renouvelle son propos initial, de façon plus blessante encore. L’escalade s’engage si chacun cherche à justifier son propos et à l’accentuer. Vous ne vous écoutez déjà plus, tout occupés que vous êtes chacun à vous faire entendre à votre tour, de façon encore plus agressive.
Ainsi, une simple parole maladroite, après quelques cycles d’échanges en boomerang, chaque cycle marquant une escalade dans l’agressivité, peut conduire à une confrontation majeure, bien difficile à gérer. Dans certains cas, à court d’arguments verbaux, il se peut que la violence physique s’exprime.
Cette dynamique du boomerang et de l’escalade, à la fois simple et terriblement efficace, produit ses effets dans la vie quotidienne, dans l’espace familial, au travail, dans les institutions, comme bien sûr aussi en géopolitique…
Identifier la racine du conflit ?
Quand un conflit est le résultat de cette dynamique, les protagonistes peuvent être tentés de rechercher auprès d’un tiers qu’il attribue la responsabilité du conflit et de ses conséquences. Comme chacun a contribué au développement du conflit par les retours en boomerang et en escalade, il est devenu impossible de distinguer une seule cause initiale ou une seule responsabilité. Par un effet de circularité, chacun a sa part de responsabilité. Du reste, l’origine du différend est devenue secondaire face aux conséquences qu’ont eues les agressions successives.
C’est une perte de temps et d’énergie de chercher à démêler cet écheveau. Un tel travail, loin d’aboutir à la résolution du conflit, ne fait que décourager les protagonistes sur leur capacité à sortir de ce conflit.
Sortir du conflit
Pour sortir du conflit, une autre approche est donc nécessaire. Parmi les nombreux principes de cette approche, une fois bien observés les mécanismes de la dynamique conflictuelle, retenons les suivants :
- ne pas chercher une vérité absolue, chacun des protagonistes ayant vécu sa vérité
- se concentrer sur l’ici et maintenant, en interrogeant d’abord l’intention des personnes concernées, et en tirant toutes les conséquences positives de ces intentions.